Psychanalyse
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À qui s'adresse la psychothérapie analytique ou la psychanalyse ?

La psychanalyse s'adresse à ceux qui veulent dénouer en profondeur les conflits dont ils souffrent en prenant conscience des mécanismes inconscients qui conditionnent leurs réactions.

Publié le
27/11/2023
Auteur:
Claude Lefort
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La psychanalyse ou psychothérapie analytique et la psychothérapie psychodynamique sont des techniques de psychothérapie qui s'adressent à toute personne ayant le souhait de se transformer en profondeur, mais qui n'y parvient pas seule.

La plupart des difficultés psychologiques que nous vivons ont été autrefois des solutions adaptatives aux défis de notre vie. Ces solutions étaient peut-être coûteuses, mais elles n'en étaient pas moins des solutions. Les difficultés surviennent lorsque les anciennes solutions ne fonctionnent plus ou deviennent autodestructrices, et que nous continuons à les appliquer malgré tout.

Ceux qui ont besoin de comprendre pour changer ou avancer et possèdent des capacités d'auto-réflexion se tourneront vers cette forme de thérapie.

Il s'agit d'un travail en profondeur qui permet de remonter aux origines archaïques des maux qui nous hantent, et de ce fait, résoudre les conflits intérieurs qui en découlent.

Au cours de son développement, l'individu a pu être arrêté par un événement ressenti comme douloureux, par une déception, ou par un lien conflictuel avec ses proches. Ce malaise passé non liquidé peut resurgir dans le présent sous différentes formes : angoisses, inhibition, dépression, repli sur soi, symptômes physiques, etc.

La psychanalyse vise à mettre en mots ces formes de souffrance jamais dites encore, pouvant venir d'un traumatisme ancien, d'un silence resté enfoui, comme oublié (refoulé) et qui a pu freiner l'évolution.

Autoriser pendant un moment de sa vie un autre regard sur son histoire personnelle et faire lumière sur les zones d’ombres qui agissent aujourd’hui inconsciemment dans notre relation à l’autre : que ce soit en famille, en couple, entre amis ou au travail. Les questions d’existence sont l’affaire de la psychanalyse.

Une thérapie est une démarche personnelle. C’est un choix que l’on souhaite se donner. Il ne s’agit pas de changer, mais de changer son positionnement face à notre histoire, en tant que cela nous fait souffrir.

L'avantage de la psychanalyse

L'avantage d'une approche analytique sur les thérapies brèves de type cognitivo-comportementales, c'est celui de proposer d'agir sur les causes des troubles et ainsi d’éviter la réapparition des symptômes sous d'autres formes. En effet, par sa qualité d’écoute et par le temps consacré à la cure, la psychanalyse permet de s'attaquer à des souffrances psychiques extrêmement variées qui ne s'expriment pas forcément à travers des symptômes repérables.

En ce sens, elle concerne aussi les personnes qui ressentent une souffrance qu'ils ne comprennent pas ou qui ont le sentiment de toujours répéter les mêmes erreurs, ou encore de vivre des échecs relationnels multiples et variés.

Comment se déroule les séances de psychanalyse?

La psychanalyse se pratique pendant des séances individuelles dans le cabinet d’un psychanalyste, et débute par des entretiens préliminaires durant lesquels l’analysé explique les raisons qui l’amènent. C’est l’occasion pour le psychanalyste de voir comment et il peut aider.

La durée de chaque séance est généralement de 50 minutes, mais peut être variable, cette marge permettant au thérapeute de faire place au temps subjectif, décider d'arrêter la séance sur une formulation essentielle et révélatrice, ou au contraire laisser s'achever un fil narratif qu'il serait dommage ou trop douloureux de laisser en suspens jusqu'à la prochaine séance. Au fur et à mesure des séances, le psychanalyste tente de mettre à jour l’inconscient qui se transmet par le langage de l’analysé. Les mots réveillent la mémoire, ressuscitent les images et mènent petit à petit vers une prise de conscience nécessaire à la guérison.

Combien de temps dure une analyse?

Dans tous les cas, une psychothérapie repose sur une décision du patient. Pour trouver les causes de ses souffrances, l’origine d’un mal, autrement dit l’origine de ce qui fait symptôme, il devra s’engager sur une certaine durée.

La fréquence et la régularité des séances assurent la continuité du processus thérapeutique. Quel que soit le cadre thérapeutique retenu, la fréquence des séances est fixe car cette régularité est essentielle à l'efficacité. Il faut à la fois que le discours génère sa propre dynamique et s'intègre à la réalité que le patient expérience entre les séances. Une fréquence hebdomadaire est souhaitable.

La durée de l’analyse dépend de nombreux facteurs, dont la problématique de départ et l’ampleur du travail à accomplir, les résistances au travail, les objectifs personnels de l’analysant. On considère que l’analyse est terminée quand l’analysant « ne souffre plus de ses symptômes et a surmonté ses angoisses comme ses inhibitions » et que « l’analyste juge que chez le patient le refoulé a été rendu conscient, l'’incompréhensible élucidé, la résistance intérieure vaincue, et que l’on n’a pas à craindre la répétition des processus pathologiques en question » (Freud). On comprend donc qu’un travail analytique prenne du temps. Lorsque le processus se déroule normalement, la fin de l’analyse, c'est-à-dire la fin du travail en commun de l’analysant et de l’analyste, est décidée d’un commun accord entre les deux protagonistes.

Est-ce pour moi?

La psychanalyse n'est pas facile. Quel que soit le désir et le besoin d'une personne d'être analysée, elle doit être capable de l'accepter. Non seulement elle doit disposer de temps et de ressources financières, mais elle doit aussi être capable de supporter l'introspection, de gérer l'intensité d'un auto-examen approfondi. Elle doit être capable d'affronter des sentiments, des pensées et des impulsions douloureuses et indésirables. Elle doit avoir la volonté et la capacité de parcourir le douloureux et tortueux chemin qui mène à la guérison.

La capacité à suivre le traitement est souvent qualifiée de "résilience" psychologique. Pour être en analyse, les personnes souffrant d'une grande douleur émotionnelle doivent, en même temps, être suffisamment résistantes pour pouvoir gérer une douleur émotionnelle. Il peut être difficile de savoir si une personne a la solidité nécessaire pour suivre une analyse au début, mais on la découvre au fur et à mesure.

La résilience psychologique se manifeste souvent par la ténacité d'une personne à aller mieux, par sa détermination à surmonter les obstacles qui se dressent sur son chemin et à vouloir comprendre. Parfois, elle se manifeste de manière indirecte par une sorte d'entêtement ou de fougue.

Conclusion

Faire une analyse c’est se donner le temps, se donner la parole et y accorder une valeur. Une valeur hors du champ social, comme dans un décalage nécessaire vers l’intime.

Souvent, on espère un savoir de la part du psychanalyste. Cependant si savoir il y a, c’est celui d’écouter et d’éclairer sur l’affect en jeu. Un peu comme une lampe torche qui éclaire sur ce qui fait trembler, ce qui fait vérité, pour enfin vous frayer votre propre chemin. Le psychanalyste est là pour vous outiller à réaliser votre vie. Cependant, ce sera à vous seul de la réaliser après.

De plus, dans sa position, le psychanalyste renonce à ce qu’il sait et à projeter sur ses patients des théories ou ses propres vérités. Il reste dans la vôtre. On travaille avec le langage, et ce ne sont pas que des mots, c’est aussi le tremblement qu’ils induisent, l’émerveillement qu’ils procurent… Avec l’âme et le cœur plus précisément. Ce qui se dit aujourd’hui dans le discours social est que tout doit aller vite et qu’on n’a pas de temps à perdre. Au contraire, faire une psychanalyse, c’est s’inscrire dans votre temporalité, c’est de votre rythme dont il s’agit.

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