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Comprendre les mécanismes de l'anxiété

L'anxiété est une émotion commune qui peut parfois devenir si intense et envahissante qu’elle nous fait perdre pied. Phobies, attaques de panique, troubles obsessionnels compulsifs, etc. Dans la population, 5 à 10 % des personnes sont la proie de troubles anxieux de manière chronique.

Publié le
29/5/2024
Auteur:
Claude Lefort
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S'inquiéter à l’égard d’une situation nouvelle, nous le faisons tous.

L’anxiété est une réaction instinctive qui nous protège, nous permet d’anticiper et de faire face aux dangers. Elle prend tout son sens dans un contexte de stress ponctuel ou de menace réelle en nous aidant à mieux les affronter. Mais parfois, elle n’a rien à voir avec la réalité, devient autonome et prend des proportions démesurées en débouchant sur une peur irrationnelle. L’anxiété, cette émotion pourtant si propre à l’être humain, devient alors pathologique. La ligne rouge est franchie lorsque la menace semble être partout, que les pensées anxieuses s’emballent sans que la raison ne parvienne à les relativiser. Un reproche au travail et nous craignons de perdre notre emploi. Des maux de tête et nous nous voyons déjà avec une maladie grave. Pour d’autres, c’est l’idée de monter dans un ascenseur ou de se retrouver dans la foule qui déclenche des sueurs froides.

L’anxiété maladive s’appuie sur des croyances catastrophistes. C’est une tendance à imaginer le pire, à surestimer le danger et à sous-estimer ses capacités à faire face.

Au niveau biologique, l’anxiété s’explique par un dérèglement du système d’alarme dans le cerveau, en particulier de l’amygdale, siège de la peur. À l’image du système immunitaire de l’allergique qui s’emballe pour un rien ou presque (pollen, poils de chat…), le système de la peur des personnes anxieuses est déréglé et en fait clairement trop. Leur seuil de tolérance est bas en raison d’une amygdale hypersensible qui réagit de manière exagérée à un objet, ou à une situation.

L’anxiété est reconnue comme un trouble psychique, répertorié dans les classifications diagnostiques. Les troubles anxieux se caractérisent par une triade de symptômes physiques, psychiques et comportementaux.

Sur le plan physique, l’anxiété peut se manifester par une boule au ventre, des maux de tête, des douleurs chroniques, ou des difficultés à respirer. Elle peut prendre plusieurs visages et donner ainsi lieu à différents diagnostics. Diffuse, sourde et permanente dans le trouble anxieux généralisé (TAG), elle est centrée sur un objet précis dans les phobies ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) (peur des microbes, par exemple). Mais elle peut également être soudaine et brutale, comme dans l’attaque de panique. Une situation anxiogène peut déclencher un cortège de réactions somatiques (palpitations, tachycardie, pic de tension artérielle, vertiges, vision floue, fourmillements, crampes, troubles digestifs), ressenties de façon si intense que la personne se retrouve en situation de détresse aigue. Il y a alors une prise de conscience de l’origine psychique de ces symptômes.

Sur le plan psychique, l’anxiété, surtout lorsqu’elle est généralisée, est «une intolérance à l’incertitude ». Elle s’exprime par une hyper vigilance de tous les instants et conduit à des comportements d’évitement. Par crainte de ne pas être à la hauteur ou d’être anéanties par leur peur, les personnes souffrant d’anxiété recourent à toutes sortes de stratégies : déléguer une présentation en public, renoncer à sortir de chez elles si elles ne sont pas accompagnées ou mettre au point des rituels pour se rassurer, par exemple. Même si elles en ont conscience, il leur est difficile de s’extirper de ce fonctionnement. Elles savent qu’elles exagèrent, mais elles ne peuvent pas faire autrement. Elles deviennent alors prisonnières de leur anxiété.

Si, à court terme, les stratégies d’évitement calment les angoisses, à long terme, elles restreignent la liberté. Quant aux ruminations anxieuses, qui sont une vaine tentative de garder le contrôle sur les événements, elles sont, à la longue, source d’épuisement. Peu à peu, c’est toute une vie qui est conditionnée par le trouble. L’entourage, bien souvent, n’est pas épargné. Lorsqu’une personne empêche toute sa famille de partir en vacances par peur de prendre l’avion ou qu’elle embarque ses proches dans des systèmes de rituels et de vérifications, elle prend les autres en otage et devient malgré elle un tyran. Mais en évitant les situations que nous redoutons, nous risquons de nous éloigner de nous-mêmes et de ce qui nous importe, comme par exemple les personnes en proie à une phobie sociale évitent les contacts sociaux alors qu’elles leur accordent en réalité beaucoup d’importance.

A l'origine des troubles anxieux se trouvent un ensemble de facteurs qui lient certains traits de personnalité qui prédisposent la personne à une sensibilité aigue aux émotions négatives et aux rapports conflictuels, et un certains nombres de facteur inconscients liés au développement depuis l'enfance, au vécu et aux mécanismes de défenses adaptatifs.

Dans certains cas, les patients et patientes qui souffrent de troubles anxieux peuvent bénéficier à court terme d'un traitement pharmacologique (anxiolytiques) prescrit par un médecin, mais c'est surtout une psychothérapie auprès d'un psychologue d'un psychanalyste qui permettra de traiter efficacement le phénomène anxieux sur le long terme.

La palette thérapeutique est large et les chances de s’en sortir sont réelles. Les troubles anxieux se soignent efficacement aujourd’hui, mais on n’en guérit pas toujours complètement. L’approche cognitive et comportementale consiste avant tout à atténuer les symptômes et à aider à vivre avec. Il s’agit de remettre l’anxiété à sa place, en arrière-plan. L'approche analytique se concentre davantage sur la prise de conscience de l'origine des troubles et de la stratégie pour les affronter de manière constructive.

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